Accueil Info En France et dans le Monde Législatives au Royaume-Uni. « Si les conservateurs obtiennent la majorité, le Brexit aura lieu »

Législatives au Royaume-Uni. « Si les conservateurs obtiennent la majorité, le Brexit aura lieu »

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photo alexandre christoyannopoulos, prof de politique et de relations internationales à l’université de loughborough. © joel le gall / ouest-france 1

Alexandre Christoyannopoulos, prof de politique et de relations internationales à l’Université de Loughborough. © Joel Le Gall / Ouest-France

La sortie de l’Union européenne est au cœur des élections législatives qui se jouent, ce jeudi 12 décembre, au Royaume-Uni. Le Parti conservateur du Premier ministre Boris Johnson est donné en tête. Mais obtiendra-t-il une majorité suffisante pour mener à bien le Brexit ? Entretien avec Alexandre Christoyannopoulos, professeur de politique et de relations internationales à l’Université de Loughborough.

Les Britanniques votent, ce jeudi 12 décembre 2019, pour élire leurs députés. Au cœur de ces élections législatives : le Brexit, le Brexit et encore le Brexit ! La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, prévue le 31 janvier 2020, aura bien lieu… si le Premier ministre Boris Johnson et son Parti conservateur obtiennent la majorité qui leur faisait tant défaut, ces derniers mois.

Décryptage avec Alexandre Christoyannopoulos, professeur de politique et de relations internationales à l’Université de Loughborough, dans l’East Midlands, région minière du centre de l’Angleterre. Entretien.

La victoire du Parti conservateur de Boris Johnson est acquise ?

Prudence. Les sondages ont souvent fait fausse route. D’autant que trois millions de nouveaux votants se sont inscrits. Du jamais vu. Parmi eux, beaucoup de jeunes, plus enclins à voter pour le Parti travailliste.

Tout se joue en un seul tour et le vote tactique pourrait créer des surprises, localement. De même, une partie des vingt députés conservateurs exclus du parti par Johnson, en septembre, se représentent contre des candidats… conservateurs ! Vers qui les électeurs vont-ils se tourner ?

Intentions de vote pour les législatives au Royaume-Uni.
Intentions de vote pour les législatives au Royaume-Uni. | Infographie Ouest-France / Reuters

Le Brexit a-t-il tout chamboulé ?

La carte électorale est explosée : le Parti conservateur veut le Brexit, mais ce n’est pas le cas de tous ses électeurs traditionnels. Le Parti travailliste veut renégocier l’accord avec Bruxelles et le soumettre à référendum ; mais sa base est aussi divisée. Si les conservateurs obtiennent la majorité au Parlement, le Brexit aura lieu, probablement le 31 janvier. Exceptés le Parti du Brexit et les unionistes nord-irlandais (DUP), tous les autres – travaillistes, libéraux-démocrates (Lib Dem, centre) et indépendantistes écossais (SNP) – sont contre la sortie de l’Union européenne.

Et si les conservateurs échouent à obtenir la majorité ?

Il y aura un second référendum. Le leader travailliste Jeremy Corbyn formera une coalition avec le SNP. Le Lib Dem (anti-Brexit) n’aura d’autre choix que de les soutenir. Restera à savoir quelle question poser aux électeurs.

Nigel Farage, le leader du Parti du Brexit, lors d’un meeting à Ashfield, en Angleterre, la semaine dernière.
Nigel Farage, le leader du Parti du Brexit, lors d’un meeting à Ashfield, en Angleterre, la semaine dernière. | Joel Le Gall / Ouest-France

Le Parti du Brexit, en tête aux Européennes de mai 2019, est à la peine. Survivra-t-il ?

Beaucoup n’ont pas apprécié que leur chef, Nigel Farage, se retire dans les fiefs conservateurs, pour ne pas compromettre les chances d’obtenir le Brexit (le parti ne présente que 317 candidats, sur 650 sièges). Si les conservateurs gagnent, le Parti du Brexit aura perdu sa raison d’être : le Brexit. S’ils sont battus, il continuera de batailler jusqu’à l’obtenir… Quoi qu’il arrive, Farage restera : il a créé Ukip, puis le Parti du Brexit. Il lancera un autre mouvement.

À Leicester, fief travailliste, le centre-ville a voté contre le Brexit (51 %) en 2016, mais les banlieues et campagne alentour l’ont plébiscité (plus de 60 %).
À Leicester, fief travailliste, le centre-ville a voté contre le Brexit (51 %) en 2016, mais les banlieues et campagne alentour l’ont plébiscité (plus de 60 %). | Joel Le Gall / Ouest-France

Comment réconcilier le pays ?

Un Brexit « doux », avec un maintien dans l’union douanière comme le proposent les travaillistes, serait plus propice à apaiser les deux parties. Les anti-Brexit considéreront que c’est un scénario économiquement moins catastrophique qu’une sortie sans accord. Et les pro-Brexit, hormis les plus radicaux, y trouveront aussi leur compte. Mais je ne serais pas surpris, dans 10-15 ans, qu’un nouveau référendum soit organisé… pour savoir si nous devons rejoindre l’UE !

Craignez-vous pour l’unité du Royaume-Uni ?

Je serais surpris que l’Irlande du Nord fasse encore partie du Royaume-Uni dans vingt ans. En signant l’Accord du Vendredi Saint [qui a mis fin à vingt ans de guerre civile, en 1998], le gouvernement britannique s’est engagé à convoquer un référendum sur la réunification des deux Irlande dès lors que des sondages suggéreraient que cette idée puisse l’emporter dans l’opinion.

Est-ce le cas ?

Pour l’instant, il y a un certain équilibre entre les populations catholiques et protestantes. Mais la croissance démographique fait que les catholiques [plus favorables à la réunification avec l’Irlande] vont rapidement devenir majoritaires. De plus, les jeunes générations sont moins engagées, religieusement et politiquement, que leurs aînés : des catholiques pourraient voter pour les partis unionistes [pro-maintien dans le Royaume-Uni] et inversement. Enfin, les économistes essaient de mesurer l’impact du Brexit sur l’Irlande du Nord et tout laisse à penser que la province s’en sortirait mieux en s’unissant avec l’Irlande.

La question de la réunification devrait donc logiquement vite revenir dans le débat. Avec la crainte que cela génère de nouvelles tensions, voire des attaques terroristes, certains Nord-Irlandais étant farouchement hostiles à ce projet.

L’Écosse, pro-européenne, pourrait-elle aussi demander son indépendance ?

La situation est plus compliquée. Nicola Sturgeon (la cheffe du parti indépendantiste SNP) a l’intention de convoquer un second référendum sur l’indépendance. Mais rien ne dit qu’elle l’obtiendra. Le SNP considère la sortie de l’Union européenne comme une erreur, notamment économique. Mais sortir du Royaume-Uni serait aussi très coûteux pour l’Écosse. Le premier voisin de l’Écosse restera toujours l’Angleterre…

 
Propos recueillis par Cécile RÉTO.   Ouest-France  

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